Cet ouvrage propose une alternative à l'idée traditionnelle d'histoire de l'art sous la forme d'une histoire de l'exposition. C'est un domaine à la fois hétérogène de par sa nature, et en chantier permanent selon les nouvelles expositions et nouveaux scénographes. L'époque contemporaine parle d'ailleurs beaucoup d'expositions et moins d'art ou d'oeuvres d'art. Parler d'exposition permet ainsi de changer de perspective : on désigne par là des moments et des événements singuliers, des choix assumés et défendables, et l'art n'est plus en position première. On renonce à savoir si les objets présentés sont de l'art ou non, au profit de la question : que fait-on avec ces objets ? On cherche alors à savoir ce que l'on souhaite transmettre à tel public, à tel moment avec tel objet ou telle oeuvre. Ce qui devient important est le sens que l'on attribue à des objets dans un contexte précis, ce que l'on essaie de transmettre par les expositions. C'est ainsi qu'une oeuvre devient une création institutionnelle, témoin d'un pouvoir symbolique, intellectuel, politique, voire financier... Établir une histoire de l'exposition revient alors à identifier tous ces éléments et à les replacer dans le contexte socio-historique susceptible d'en rendre compte.

Table des matières

Introduction

I - L'exposition comme fiction

1 -- Muséographies - Les débuts des musées et le cas des period rooms - Le White Cube et l'aménagement de musées d'art moderne - Le musée, entre espace disciplinaire et hétérotopie 2 -- Scénographes d'exposition - La scénographie d'exposition à l'Àge moderne (Lissitzky, Bayer, Johnson) - Les scénographies critiques de l'art moderne - La normalisation progressive de la scénographie d'exposition - La scénographie d'exposition en tant qu'oeuvre 3 -- Commissaires - Du conservateur à l'auteur d'expositions - La critique du commissariat d'exposition

II - L'exposition comme langage et comme dispositif

1 -- L'exposition comme ensemble de "textes" : A propos des usages d'une exposition - L'écriture du scénographe - Les différents niveaux de l'intervention scénographique - Des relations d'intertextualité - L'exposition comme "discours constituant" 2 -- Les médiations à l'oeuvre : La genèse de l'idée de médiation - Les oppositions à la médiation - Médiation et éducation - Les théories et "objets" de la médiation

III - L'exposition comme événement et comme jeu de société

1 -- Le monde de l'art en tant que "matrice" - L'attribution de la valeur artistique - Une logique interne fondée sur des réseaux coopératifs - Les limites des mondes de l'art 2 -- A propos des cadres prescripteurs - Remarques à partir de la sociologie interactionniste - L'exposition dans les cadres de l'art - Les cadres de l'art contemporain 3 -- L'exposition dans le jeu des relations sociales - L'accès public et universel aux oeuvres d'art - L'espace public du jugement - Le traitement contemporain de la question des publics

IV - L'exposition comme site de l'art

1 -- Les déplacements des oeuvres - Les vies multiples des oeuvres d'art - Une suite de "variations" - Les différents sens d'une oeuvre exposée 2 -- De l'oeuvre d'art à l'exposition - De la valeur d'exposition au musée imaginaire - A propos de l'implémentation des oeuvres d'art - Les fonctions possibles de l'exposition - L'exposition en tant que texte, expression, événement

Conclusion : Pour une histoire de l'exposition -- Bibliographie

Jérôme GLICENSTEIN est artiste et maître de conférences en arts plastiques à l'Université de Paris VIII - Vincennes-Saint-Denis. Son enseignement et ses recherches portent sur les théories et pratiques de l’exposition. Dans ce cadre, il est responsable d’une galerie universitaire et du cycle d’expositions « Placer/déplacer » au Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis. Par ailleurs, il collabore régulièrement à différentes revues — notamment la Revue d’esthétique — et dirige la revue Marges. Il a en outre publié un certain nombre d’articles sur les relations entre art et nouveaux médias.